Cette application interactive de cartographie en ligne a été conçue par Bettina Engels,
Christian Sonntag, Atossa Pandazmapo, Franza Drechsel et Mirka Schäfer (Groupe de recherche Junior “Global Change – Local Conflicts?”
(GLOCON), Freie Universität Berlin) afin de servir à l’analyse de conflits miniers au Burkina Faso. Dans le cadre de ce projet seront utilisées des données géographiques quantitatives, ainsi que des données qualitatives provenant de travaux de recherche en sciences
sociales, ceci dans le but d’offrir une meilleure compréhension des conflits liés à l’activité minière au Burkina Faso.
Diana Ayeh a fourni le texte et les photos de la mine de Yaramoko. Hermann Moussa Konkobo a écrit le texte français sur la mine de Houndé. Merle Groneweg, Sarah Kirst et Hermann Moussa Konkobo ont fourni des photos. Merci beaucoup pour cela!
Cette carte en ligne comporte deux sections : la carte en elle-même et des textes plus détaillés concernant les mines.
(1) La légende de la carte se trouve sur le côté droit de l’écran. Dans la partie supérieure, vous pouvez alterner entre les différents fonds
de carte, c’est-à-dire choisir entre une image satellite, open street map (carte routière) et une carte du paysage. Dans la partie inférieure,
différentes couches de la carte peuvent être sélectionnées en fonction de ce qui vous intéresse. Pour plus d’informations sur les mines, cliquez sur
les icônes de la carte. Une petite carte d’aperçu de la zone élargie se situe sur le côté gauche de l’écran. La fonction recherche et les coordonnées géographiques de la
position de la souris sont en bas à gauche. Zoomez et dézoomez sur la carte avec la molette de la souris ou en vous servant du signe "+" ou "-" dans la zone en haut à gauche de la partie carte.
(2) En haut de l’écran, vous trouverez des informations écrites et des photos des conflits de quelques mines sous l’onglet « Mines et conflits ». Ces informations se basent sur nos
propres recherches. Du fait de capacités restreintes, tous les conflits et mines ne sont pas présentés de manière aussi détaillée les uns que les autres.
Direction Générale de la Géologie et du Cadastre Minier (2013), Permis de recherche octoyés au Burkina Faso, in: ITIE (2014), Rapport de conciliation des paiements des sociétés minières à l’état et des recettes perçues par l’état des dites sociétés pour l’exercice 2012. Ouagadougou: Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE), p. 25.
Structure géologique:Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) (France), Bureau des mines et de la géologie (BUMIGEB) (Burkina) (2003): Carte géologique et minière du Burkina Faso à 1:1.000.000. Orléans
Nombre d’habitants dans les villes:City Population (2017): Population of cities in Burkina Faso.
Le Burkina Faso est actuellement le cinquième pays producteur d’or d’Afrique (après le Ghana, l’Afrique du Sud, le Soudan et le Mali). En 2018, 52,66 tonnes d'or ont été produites,
selon le ministre des mines. Cela représente une augmentation de plus de 15% par rapport à 2017 (45,8 tonnes). En 2017, le secteur minier représentait 71% des recettes d'exportation
totales, 16% des recettes fiscales et 8,46% du PIB du pays (BDO 2019: 48-49). En Septembre 2019, 12 mines industrielles étaient en production, dont 11 mines d'or et une de zinc. Au même
temps, l'exploration est fortement poursuivie ; en mars 2014, des licences d'exploration et d'exploitation étaient délivrés sur 40% du territoire du Burkina Faso
(Harris & Miller 2015: 15-17). En 2018, il existe plus de 700 licences d'exploration (OCDE 2018).
La loi
Selon la loi territoriale burkinabè, toute la terre appartient à l’État ; cela inclut les ressources souterraines. En 1993, le code des investissements a été passé dans le cadre de
processus d’ajustement structurel dans les années 1990. Le premier code
minier est entré en vigueur en 1997; il encourageait principalement la libéralisation du secteur minier industriel. En association avec la montée des prix de l’or au début des années 2000, cela constitua une importante incitation à investir dans l’exploitation minière à grande échelle,
qui est devenue répandue au milieu des années 2000. En 2003, un autre code minier a été introduit avec un impôt des sociétés de 20% pour le secteur minier, ce qui est comparativement faible et ce qui a été conçu pour attirer les investisseurs étrangers.
Actuellement (2018), l'impôt des sociétés est fixé à 28% (pour plus de détails sur les taxes minières au Burkina Faso, voir Dorin 2017 ). Le code minier le plus récent
a été ratifié en 2015, dans le contexte des premières expériences des mines productrices, et des mines qui ont été fermées. Il est actuellement en cours d’implémentation. Contrairement
aux précédentes lois minières, le nouveau code minier est plutôt orienté vers la création de recettes publiques tirées de l’exploitation minière, en particulier via un Fonds Minier de Développement Local (FMDL).
Cependant, la nouvelle législation n’entraîne pas des changements substantiels de la politique minière et ses implications (Hubert 2018).
Conflits autour du code minier
L'introduction du code minier en 2015, et particulièrement du FMDL, a été le résultat des longues campagnes de la société civile pour une distribution plus juste des recettes publiques provenantes des mines industrielles. Dans le processus actuel de l'implementation, les sociétés minières utilisent tous les moyens possibles pour échapper le nouvel code, par exemple,
en déclarant que leurs conventions minières, ou contrats, procèdent des périodes des codes miniers anciens et que
donc, le nouvel code ne doit pas s'appliquer dans leur cas.
Par conséquence, des organisations de la société civile revendiquent constamment la mise en œuvre correcte du code minier du 2015: En octobre 2018, plusieurs organisations de la société civile (ORCADE, Oxfam, Publiez ce que vous payez) ont publié un rapport qui demande le respect des dispositions du code minier en ce qui concerne
l’environnement, la fourniture locale, l’emploi des Bukinabés dans les projets miniers, et la realisation du FMDL par les Sociétés minières (Nabole 2018, ORCADE 2018).
L’exploitation artisanale de l’or : L’orpaillage
Au Burkina Faso, la majorité de la population en milieu rural dépendent de l’agriculture de subsistance ainsi que de l’élevage de bétail. Une autre source de revenu importante est l’exploitation artisanale de
l’or, qui est désignée dans l’Afrique de l’ouest francophone par le terme orpaillage (qui signifie normalement l’extraction de l’or de rivières aurifères). Cependant, malgré ses origines,
ce terme comprend aussi les personnes qui extraient l’or en creusant des trous dans le sol, que l’on appelle orpailleur·euse·s. Ces puits ont souvent une profondeur de 20 à 50 mètres, et selon
certaines personnes interviewées, ils peuvent atteindre les 100 mètres. Les orpailleur·euse·s se servent de cordes pour descendre dans les puits et travaillent avec des outils rudimentaires pour
extraire du minerai contenant potentiellement de l’or. À travers un processus comprenant plusieurs étapes, le minerai est broyé par des moulins à moteur ou bien à la main, puis lavé et tamisé
à travers du tissu. Enfin, la séparation de l’or et du minerai se fait à l’aide de mercure et parfois de cyanure (pour une explication détaillée, voir Tschakert/Singha 2007).
Exploitation artisanale vs industrielle de l’or
Alors que l'exploitation minière industrielle est assez récente dans le pays, le Burkina Faso possède une tradition d'exploitation aurifère artisanale, qui a commencé bien avant la
colonisation, bien que limitée depuis longtemps à certaines régions. Il existe des différences considérables entre l’extraction minière industrielle et artisanale en ce qui concerne
les quantités extraites, le nombre de personnes impliquées et le nombre de sites d’extraction. Alors que les statistiques officielles n’indiquent que 3% de l'or produit au Burkina Faso
à partir de l'extraction artisanale, Arnaldi di Balme et Lanzano (2014: 18) estiment que cette part est plutôt de 25%. On compte officiellement 500 à 700 sites d’exploitation minière
artisanale dans le pays ; on estime toutefois qu'il en existe plus de 1.000 (AN 2016, OCDE 2018).
En 2017, au total, 9.651 personnes étaient directement employées dans les 11 mines industrielles actuelles, dont 9.017 Burkinabé et 634 personnes d'autres nationalités (Kaboré, 2018).
La grande majorité des employé·e·s de nationalité Burkinabé occupent des postes peu qualifiés et mal payés.
Au moins 1,2 million de personnes gagnent leur vie grâce à l'extraction artisanale d'or, auxquelles s'ajoute un nombre considérable de membres de la communauté soutenus par
eux (Guéniat & White 2015; OCDE 2018). Bien que l’exploitation minière artisanale soit dans l’ensemble une activité informelle et se déroule dans des conditions précaires comportant
des risques économiques et sanitaires élevés, elle offre néanmoins un moyen de subsistance à un nombre considérable de personnes. Les personnes qui travaillent dans l’exploitation
minière artisanale dépensent au total près des deux tiers de leurs revenus sur place (Pokorny et al. 2019: 26).
Conflits autour des mines industrielles
L’ouverture de mines industrielles au Burkina Faso a provoqué des conflits dans les villages attenants. Il y a de nombreuses raisons expliquant pourquoi les personnes vivant près
des mines protestent. Généralement parlant, la mise en place de mines de grande envergure crée des conflits concernant le terrain et son utilisation. Une nouvelle mine est installée sur
un terrain qui a préalablement servi à l’agriculture ou à l’orpaillage, sur un terrain où des personnes ont vécu ou sur lequel se trouvent des lieux sacrés. La promesse des entreprises
minières de créer des emplois légaux ne peut pas compenser les pertes vécues par les populations. Lorsque du terrain est réquisitionné pour la mine, l’agriculture vivrière ou l’élevage
ne sont plus possibles. Comme compensation, il arrive rarement que de nouveaux champs soient donnés aux familles affectées. Les exploitant·e·s bannissent habituellement l’orpaillage de la
concession minière, ce qui enlève encore une importante source de revenu. Les personnes affectées considèrent souvent que leurs préoccupations concernant la protection de lieux sacrés
ou d’autres besoins sont traitées avec mépris par la direction de l’entreprise. Cela en rajoute au mécontentement général. Notre carte permet de visualiser ces conflits.
Sources ne provenant pas du Web :
Chouli, Lila (2014): Le boom minier au Burkina Faso: Témoignages de victimes de l’exploitation minière. Paris.
DGMGC (2017): La production minière. Direction Générale des Mines, des la Géologie et des Carrières. Ouagadougou.
Guéniat, Marc & White, Natasha (2015): Golden Racket. The True Source of Switzerland s Togolese Gold. A Berne Declaration Investigation.Lausanne/Zürich.
ORCADE (2018): Etat des Lieux de la Mise en Oeuvre du Nouveau Code Minier du Burkina Faso: Organisation pour le Renforcement des Capacités de Développement/Publiez Ce Que Vous Payez/Oxfam.
Pokorny, Benno, et al. 2019: All the gold for nothing? Impacts of mining
on rural livelihoods in Northern Burkina Faso. In: World Development,
119, 23-39.
Dans cette section sont listés quelques documents utiles en lien avec l’activité minière et les conflits au Burkina Faso.
Documents juridiquesMana
Bomboré
Kalsaka
Poura
Séguénéga
Banfora
Bouéré-Douhoun
Boungou
Konkéra
Netiana
Wahgnion